Ces temps-ci, les langues se délient : les agricultrices rapportent leur ras-le-bol de ne pas être reconnues en tant que cheffes d’exploitation. Pourtant, les entreprises ont tout à gagner à faire tomber les stéréotypes sexistes.

« Il est où le patron ? ». Cette phrase, les agricultrices ne peuvent plus la supporter. Une toute petite phrase qui traduit à elle seule la violence du sexisme ordinaire et quotidien. En effet, même si c’est désagréable à admettre, le monde agricole souffre du même problème que notre société de manière générale : le sexisme. Et ce sont les agricultrices elles-mêmes qui tirent la sonnette d’alarme. « Énième commercial en prospection dont la première phrase est : il est où le chef d’exploitation ? », rapportait récemment Laurie Poussier, éleveuse et savonnière bretonne, sur LinkedIn.
Et ce n’est pas la seule, comme en témoigne la bande-dessinée « Il est où le patron ? », co-écrite par cinq « paysannes en polaire » et dessinée par Maud Bénézit. Une lecture très sympa qu’on vous conseille chaleureusement, d’ailleurs ! A l’agence, nous avons notre exemplaire 😉

Des cheffes qui peinent à être reconnues

Le cas typique rapporté par ces cinq agricultrices, c’est ça : un commercial prospecte une ferme, aperçoit une femme en plein travail, et lui envoie un flamboyant « il est où le patron ? ». Si, dans la BD, les anecdotes prêtent à sourire voire à rire (jaune), la réalité s’avère désagréable pour ces personnes qui ne se sentent pas reconnues en tant qu’expertes agricoles et cheffes d’entreprise. Car, sans même s’en rendre compte, le commercial suppose qu’une femme agricultrice ne peut pas être cheffe d’exploitation. Cette préconception biaisée est le symptôme d’une société qui peine à abandonner les rôles traditionnels assignés aux genres.

Attention aux portes qui se ferment !

Rappelons qu’en France, 26 % des chefs d’exploitation sont des femmes. En Bretagne (puisque nous sommes bretons, nous nous autorisons cette digression), elles sont même 27 %. Ce chiffre, bien qu’il ait tendance à stagner, est loin d’être anecdotique ! D’où l’importance de changer les mentalités, pour notre bien à nous, les femmes, mais aussi pour le bien de la société…et des entreprises !

Les commerciaux et plus globalement les professionnels du monde agricole doivent reconnaitre les femmes en tant que chefs d’exploitation à part entière. En ne reconnaissant pas leur leadership, les entreprises perdent l’opportunité de collaborer avec des expertes compétentes voire novatrices. Et, potentiellement, c’est un quart des prospects qui fermeront leur porte au nez des indélicats. On ne pourra pas leur en vouloir…

Sensibiliser les équipes

Pour éviter ces déboires, les entreprises ont un rôle à jouer. En sensibilisant leurs équipes commerciales à l’importance de la diversité sur les fermes, elles encourageront une prise de conscience. Ce ne sera qu’une goutte d’eau dans l’océan, car notre société a encore un long chemin à parcourir, mais ça rendra au moins la vie professionnelle de nos agricultrices plus agréable.

Ah, et si vous avez envie d’écouter un podcast sympa qui part à la rencontre des Paysannes en Polaire, à la ferme de la Jaubernie, voici 2 épisodes à déguster :

Les Couilles à la ferme (1/2) – Les Couilles sur la table – Binge Audio

Les Couilles à la ferme (2/2) – Les Couilles sur la table – Binge Audio

Sources :

infographie_femmes_bretagne.pdf (agriculture.gouv.fr)

La population active féminine en agriculture en 2020 – Infostat – Statistiques MSA